Arequipa, la ville blanche

Arequipa, la ville blanche

Nous quittons progressivement les hauteurs de l’altiplano en direction d’Arequipa. On dit qu’ici il fait beau 300 jours par an ! Grande promesse donc après les nuits froides et les journées souvent nuageuses passées à Cuzco et au Machu Picchu.

La vie est tellement douce ici que les habitants se sentent avant tout Aréquipéniens plutôt que Péruviens ! La ville est au centre d’une région incroyable et attractive, avec des volcans encore en activité, des sources thermales, des canyons parmi les plus profond de la planète et des montagnes magnifiques. De plus, l’altitude est modérée (2335m), c’est donc une étape idéale pour les personnes qui viennent de Lima et qui veulent s’acclimater progressivement aux désagréments de l’Altiplano.

C’est aussi ici que fut découverte intacte la momie Juanita, une jeune princesse inca de 14 ans, au sommet d’un des glaciers (l’Ampato, 6280m) en 1995. Cette jeune fille aurait été offerte en sacrifice au dieu protecteur de la montagne des Incas, il y a 500 ans, pour faire en sorte que la pluie revienne…

Cette partie du voyage a été réalisée en avril 2018

Bus de nuit, hôtel et galère au petit matin

Nous avons de nouveau pris un bus de nuit pour faire la route entre Cuzco et Arequipa, le soir de l’anniversaire de Julien (cadeau !), et non sans appréhension comme nous connaissons désormais l’état des routes au Pérou. Nous avons donc misé sur la carte de la sécurité et pris une bonne compagnie de bus, Oltursa.

Comme prévu, la route a été mauvaise, ponctuée de gros coups de freins par nos 2 chauffeurs, mais à leur décharge, il y a des ralentisseurs un peu partout sur les routes. Nous sommes arrivés une fois de plus au petit matin à Arequipa. Cette fois-ci, comme la sécurité est semble t-il un peu moyenne dans cette ville, c’est en taxi que nous avons rejoins le centre ville et la Plaza Del Armas.

Pour une fois nous n’avions pas réservé d’hôtel, nous avons donc mis une bonne heure avant de trouver un hôtel correct (mais sans plus) et dans notre budget. On ne va pas vous mentir : débarquer au petit matin après une nuit de merde en bus et passer 1 heure à arpenter la ville, sac sur le dos, afin de négocier le tarif de sa nuit est vraiment une mauvaise idée. Source de stress et d’engueulade garantie ! Nous ne recommandons donc pas :)

Arequipa et ses volcans

Arequipa doit son nom à sa situation : elle était, pour ses premiers habitants Aymaras, « l’endroit derrière la montagne pointue ». Cela fait référence aux deux énormes volcans qui veillent sur la ville, dont l’élégant Misti (aux faux air de Mont Fuji). Au total, pas moins de 9 volcans entourent la ville de plus ou moins loin. La ville a connu de nombreux tremblements de terre (le dernier en 2012), raison pour laquelle les monuments ont des murs aussi épais.

Son surnom de « ville blanche » vient du fait que les bâtiments utilisent le « sillar », une roche volcanique spécifique de la région. Il est dit que cette roche ne peut être utilisée qu’ici, dans un climat très sec, car elle absorbe l’eau et ferait s’effondrer les bâtiments s’il pleuvait trop.

De son passé colonial, Arequipa conserve un très joli centre historique, classé Patrimoine Mondiale par l’UNESCO depuis l’an 2000. Les églises et monastères abondent avec des décors baroques d’une grande richesse, fruits de la fusion entre les techniques de construction européennes et le savoir-faire des amérindiens.

Cette ville est très facile à visiter à pied, et c’est d’ailleurs ce que nous avons fait lors de notre première journée avec un free walking tour… bien pourri. Notre « guide » n’avait vraiment pas grand chose à nous raconter et les endroits où nous sommes allés étaient plutôt des pièges à touristes… Seul le rooftop pour voir la Plaza Del Armas de haut était sympa, mais la « découverte payante » de la musique traditionnelle en redescendant nous a fait quitter la visite. C’est malheureusement une dérive de ces « free walking tour » qui – loin de l’initiative originale et désintéressée d’amoureux de leurs villes – se transforment en tentative de récupérer des sous auprès des touristes.

La Plaza del Armas

Cette place ne date que du XIX siècle mais c’est, paraît-il, l’une des plus jolies du pays avec sa couronne d’arcades sur deux étages. On se croirait presque en Espagne avec les palmiers, les fontaines et les pigeons ! Derrière la cathédrale, on peut voir le volcan Chachani. Malheureusement pour nous, la fontaine au centre de la place était en restauration. Celle-ci arbore une statue de bronze de Tuturutu, le génie protecteur de la ville.

La ville est souvent le lieu de manifestations politiques, nous en avons d’ailleurs fait l’expérience. Et quelle ambiance ! Fanfare, danseuses, chevaux, cotillons, tout y passe ! La région, truffées de mines, connaît une activité syndicale intense…

Sur la place se trouve donc la Cathédrale, plus large que haute, imposante et massive. La longue façade qui borde la place (108m) n’est en fait que le flanc de l’église ! L’entrée se fait par la nef latérale.

Le Museo Sanctuarios Andinos

Nous n’avons pas visité ce musée mais l’histoire est intéressante : c’est dans ce musée que l’on peut voir la célèbre momie Juanita, la « princesse des glaces ». Cette momie a été découverte par hasard par le guide aréquipénien Miguel Zarate et l’archéologue américain Johan Reinhard lors d’une expédition sur le volcan Ampato en 1995. C’est la mieux conservée des 18 momies incas découvertes à ce jour sur les hauts sommets andins.

Mais pourquoi de tels sacrifices ? Et bien les Incas espéraient en faisant ce type d’offrandes conjurer les catastrophes naturelles en s’attirant la bienveillance des divinités des montagnes (les apus). De petits temples et autels circulaires étaient construits pour ces cérémonies. La momification pour sa part est naturelle : c’est le froid en haute altitude qui l’a favorisé.

Dans le cas de Juanita, il existe plusieurs théorie sur sa mort : soit elle a été tuée d’un coup de massue sur la tempe droite, soit d’un coup derrière la tête, soit elle a simplement été droguée avec de l’alcool. Dans tous les cas, on lui avait fait ingurgiter auparavant ds feuilles de coca et pas mal de chicha (alcool de maïs), sans doute pour l’étourdir. Elle portait des habits rouges (symbole de noblesse) et blancs (symbole de la divinité) avec trois bandes comme le drapeau du Pérou. Aujourd’hui, Juanita est conservée dans un caisson transparent à -20°C…

Église de la compagnie

Cette église Jésuite, construite en 1573 puis reconstruite 1698 après un tremblement de terre, possède une façade baroque ornée de sculptures aux motifs floraux, d’animaux, de symboles précolombiens. Elle caractérise assez bien le métissage de l’architecture sous l’influence des conquistadors…

Le monastère de Santa Catalina

Bon, bien que pas trop fans des églises et monastères (enfin surtout Elise !), celui de Santa Catalina est très intéressant. Immense couvent dominicain, c’est une une ville dans la ville avec des ruelles, des placettes, des cellules/maisonnettes privatives et des cloîtres. Il a été fondé en 1579 par une riche veuve. Pendant 4 siècles, environ 170 nonnes et leur 300 servantes y ont vécu à l’abri de tous les regards et interventions extérieures. Oui oui, vous avez bien lu, leurs 300 servantes…

Ce couvent était un peu comme une prison dorée. Les religieuses, cadettes issues de grandes familles d’ascendance espagnole, devaient verser une dot conséquente au moment de prononcer leurs vœux. Et en contrepartie, elles étaient autorisées à avoir jusqu’à quatre servantes/esclaves, à organiser de (riches) réceptions et à vivre (presque) comme dans le grand monde… Les cellules du monastère portent même les noms de leur riches propriétaires. Elles comprenaient une chambre à coucher, une cuisine particulière (en plus d’une autre commune), un salon, une salle pour se nettoyer et même de quoi loger la servante, à l’étage dans des conditions ignobles.

En 1870, le pape mis fin aux cellules de luxe et forçat les sœurs à rejoindre la vie communautaire. Finis les privilèges, tout le monde à la même enseigne. Et vive les dortoirs !

Aujourd’hui, seule une toute petite partie du couvent abrite encore une trentaine de religieuses âgées de 18 à 90 ans. Et depuis la visite du Pape Jean Paul II en 1985, elles ont le droit de sortir et de parler ( !). Nous avons visité ce monastère à la nuit tombante et de nuit, ce qui rend le lieu encore plus mystique.

 

Nous décidons pour la suite du programme de visiter la région et notamment le Canyon del Colca. Beaucoup de randonneurs partent seuls à la découverte de ce vertigineux canyon. Pour notre part, étant déjà pas mal fatigués, pour préférons jouer la carte de la sécurité et partir avec un guide.

2 réflexions sur « Arequipa, la ville blanche »

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