Valparaiso, la belle miséreuse

Valparaiso, la belle miséreuse

Nous sommes arrivés à Valparaiso de nuit depuis Santiago et avons eu le droit à un superbe spectacle des maisons éclairées sur la colline. Par contre, notre enthousiasme est vite redescendu lorsque nous avons rejoint notre auberge à pied depuis le terminal… Nous avons traversé une ville très agitée, bruyante et sale… Pas trop rassurés non plus par les nombreuses histoires sur l’insécurité de la ville qu’on avait entendu ici et là. On s’est même demandé si nous avions bien fait de venir ! Heureusement, la visite de la ville les jours suivants a un peu arrangé notre première impression.

Valparaiso, du port aux collines

Valparaiso (ou Valpo pour les intimes) est une ville portuaire à deux « étages » : une partie basse et plate pas très avenante où se concentrent toutes les activités économiques et commerciales, et une partie haute sur les collines plus touristique où sont accrochées les maisons typiques et colorées.

Il s’agit du plus grand port du Chili, et ce fut le plus important sur la côte pacifique de l’Amérique du Sud avant la construction du canal de Panama. Depuis, la ville a perdu de son importance économique et cela se sent, bien qu’elle reste le principal port d’attache de la Marine Chilienne.

Dans la partie basse, dédiée au travail portuaire, de grandes rues bordées par de grands bâtiments accueillaient les locaux commerciaux des compagnies de transports maritimes. À l’heure actuelle, ces bâtiments ont vieilli et certains sont endommagés par les nombreux tremblements de terre fréquents dans le pays. Des lignes de trolleybus sont toujours en exploitation, ce qui apporte un petit côté rétro. Partout, des chiens errants.

Ce qui fait de Valparaiso son charme, ce sont toutes ces maisons colorées perchées sur les collines entourant la partie basse. Ces collines appelées « cerro » sont accessibles par des rues bien-sûr, mais également par des ascenseurs (ou funiculaires). Très pratiques et pas chers, ils évitent la montée tout en offrant un beau panorama. Par contre lors de notre première montée, nous étions sous les nuages, ce qui ne permettait pas d’avoir une vue dégagée.

Parmi toutes les collines de la ville (42 au total !), deux « cerro » ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO (les Cerros Concepcion et Alegre). C’est sur ces deux collines que se trouvent la majorité des hôtels, restaurants, bars et boutiques. Ce qui fait la particularité des maisons installées sur les cerro, ce sont leurs couleurs et les innombrables fresques de street art qui décorent les murs et portes des bâtiments. Ces fresques urbaines ne sont pas à confondre avec de simples et vulgaires tags ou graffitis.

Free walking tour un jour…

Contents de notre expérience de visite guidée à Santiago, nous réitérons la visite cette fois-ci avec « tours4tips » pour visiter pendant 3h cette ville. Le rendez-vous se fait sur la plaza Sotomayor à 10h et 15h. Les deux tours sont différents : celui du matin se concentre sur l’aspect historique et social, tandis que celui de l’après midi se concentre sur les vues plus « touristiques » et les fresques du cerro le plus fréquenté. Il est possible de faire les 2 bien-sûr pour tout savoir de Valpo.

Les guides, toujours des étudiants et natifs de la ville, sont facilement réparables à leurs t-shirts rayés rouges et blancs façon « Où est Charlie ? » La visite se fait en anglais ou espagnol.

Nous aimerions bien vous faire une description exhaustive des tours, mais nous n’avons pas tellement retenu tous les noms des rues empruntées et des lieux visités… Globalement nous sommes passés par les Cerros Concepcion et Alegre, puis par les cimetières (il y en a deux côte à côte !) pour rejoindre le Cerro Carcel où un centre culturel a pris place dans une ancienne prison. Enfin, la Plaza Bismarck offre un point de vue sur toute la ville.

N’étant pas tout à fait convaincus par cette première visite (peut-être le ciel gris du matin y a joué), nous décidons d’en faire une seconde, en français, avec « Valp’O Top », l’après-midi même. Et celle-ci était largement mieux ! Nous avons même eu droit à un petit Pisco Sour dans une rue mignonnette !

Notre visite a alors commencé sur le port puis nous avons pris un ascenseur pour monter aux Cerros Concepcion et Alegre. De là, nous avons vogué de rues en rues pour admirer les graff sur les murs, le tout accompagné d’anecdotes, d’informations sur les artistes et d’histoire du pays.

Des maisons en taule colorée

Comme Valparaiso est une ville portuaire, la petite histoire dit que les “Porteños” (comprenez par là les habitants d’une ville portuaire) utilisaient la tôle abandonnée dans le port pour couvrir et protéger leurs maisons faites de briques d’adobe (sorte d’argile mélangée à de l’eau et de la paille). Et comme avec le vent et l’humidité la taule avait tendance à rouiller, les gens ont commencé à peindre leurs maisons avec les restes de peintures utilisées sur les bateaux. Comme les bateaux étaient eux-mêmes colorés (pour bien les voir en mer), ce serait l’origine des maisons aux couleurs éclatantes, toutes différentes les unes des autres.

Les Cerros (ou collines)

Valparaiso est étalée sur 42 collines ! C’est une des caractéristiques qui donne son charme à la ville. Les habitants ont du adapter leur maisons à cette topographie atypique. Les constructions ont souvent 4 ou 5 étages d’un côté pour seulement 1 ou 2 de l’autre ; les maisons se trouvant sur les crêtes sont souvent très étroites… Et du coup, c’est un véritable labyrinthe de ruelles, d’escaliers, de passages qui rend la visite de la ville toujours surprenante. On n’a jamais l’impression de passer 2 fois au même endroit ;)

A noter : certains « Cerro » sont déconseillés aux touristes. D’une part parce que pas très « intéressants », d’autre part en raison des risques d’insécurité. On nous a même dit que les habitants eux-mêmes pouvaient parfois « repousser » les touristes trop curieux…

Nous avons eu un réel coup de cœur pour les Cerros Alegre et Concepcion qui représentent vraiment cette ville. Un dédale de petites ruelles toutes plus charmantes les unes que les autres, des maisons multicolores, des graffitis à chaque coins de rue, les funiculaires.

Merci l’Unesco ( ?)

La zone que nous avons clairement préférée est toute la partie classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2003.

Ce sont en fait un groupe d’habitants amoureux de leur ville qui se sont rassemblés et qui ont eux-mêmes contacté l’Unesco afin de protéger le centre ville de la modernisation. Entre autres, les magnifiques Cerros Alegre et Concepcion, la Plaza Sotomayor, la colline de Bellavista et son musée “Del Cielo Abierto” (à ciel ouvert), ainsi que les funiculaires ont été protégés, et c’est tant mieux.

Pour autant, ce classement n’est pas exempt de vives critiques. Au delà de la hausse des prix de l’immobilier, ce qui serait le plus contraignant serait les règles très strictes imposées par l’Unesco, qui auraient des côtés pervers : interdiction de détruire les bâtiments (certaines maisons à l’abandon ou détruites par les tremblements de terre ou les incendies attendent de « tomber » avant de pouvoir être reconstruites), obligation de reconstruire à l’identique, donc avec exactement les mêmes matériaux de l’époque (avec des maisons qui ne seront jamais rénovées/reconstruites faute de moyens). Enfin, certains bâtiments « modernes » disgracieux, datant d’avant la classification, sont désormais « intouchables » car situés dans la zone classée…

On ne connait pas trop le vrai du faux dans cette histoire, mais d’un autre point de vue le tourisme s’est massivement développé à Valpo suite à la classification par l’Unesco. C’est donc un peu grâce à l’Unesco que cette ville attire autant de touristes aujourd’hui.

Le street art, identité de Valparaiso

Nous n’avions encore jamais vu autant de graffitis dans les rues d’une seule et même ville. A chaque coins de rue, sur chaque mur il y a quelque chose de nouveau à découvrir. Il y a même des façades entières de bâtiments recouvertes de fresques ! Et ce ne sont pas des « tags » fait à la sauvette, ce sont de vraies œuvres d’art… Les mots “street art” prennent ici tout leurs sens. Du coup, chaque ballade dans les rues de Valparaiso en devient unique… On découvre toujours de nouveaux détails intéressants, une nouvelle peinture amusante.

De ce fait, la ville sert de « tremplin » et de carte de visite pour de nombreux artistes. Les plus « reconnues » sont payés par les propriétaires des maisons pour qu’ils graffent leur façade, d’autre (en cherche de reconnaissance) demandent aux propriétaires s’il peuvent utiliser leurs murs.

Ceviches et lions de mer au port de pêche

Le dernier jour, nous décidons d’aller faire un tour au port de pêche de Valparaiso, à 45 minutes à pied de là en direction de Vina Del Mar. La route n’est pas la plus agréable pour y aller mais la visite du marché des pêcheurs est très intéressante. Il est possible de déguster des Ceviches tout frais de la pêche, des oursins, des fruits de mer. Les pécheurs jettent leurs restes des poissons préparés, ce qui attire les pélicans, les mouettes et les lions de mer ! Un vrai spectacle !

Valpo, c’est beau… mais ça pue !

Valparaiso est une petite ville toute mignonnette qui sait vous en mettre plein les yeux grâce à son street art. On ne peut pas lui enlever cela ! La ville est-elle de ce fait « romantisée » ? Nous avons trouvé que beaucoup de retours, articles et descriptions ont tendance à être légèrement enjolivés.

En vrai, nous retiendrons que Valparaiso, c’est beau, mais ça pue ! Peut-être que les chiens errants, omniprésents ainsi que leurs déjections, et les odeurs infâmes de certaines ruelles font partie de l’expérience… ! C’est définitivement une ville à deux visages.

Pourquoi avons-nous choisi le titre « la belle miséreuse » ? Parce que derrière la beauté de ses maisons colorées et de son street art sur les collines, la ville reste vieille et délabrée.

Oh Punaise !

Un petit épisode est venu ternir notre séjour : une rencontre inopinée avec des bed bugs, soit des punaises de lit en français.

Les bed bugs, c’est la hantise des voyageurs. C’était l’une de nos craintes depuis le départ du voyage (avec la perte du passeport et la maladie). Il suffit de lire les histoires cauchemardesques sur internet pour savoir qu’il ne vaut mieux pas en ramener chez soi !

C’est pour cela que nous avions développé l’habitude de vérifier, dans toutes les chambres où nous posions nous affaires pour la nuit, la présence de ces nuisibles. Inspection de la literie, sous les draps, à regarder minutieusement dans les recoins des matelas, mais aussi autour des bois de lits/tête de lit (elles peuvent aussi se cacher dans le parquet ou derrière les prises !).

Nous avions donc ausculté notre matelas lors de notre arrivée à notre auberge, le premier soir. Sauf que le lendemain, Elise remarque une grosse plaque sur son épaule gauche, comme si elle s’était fait piquer par une araignée. Puis tout au long de la journée, plusieurs autres boutons sont apparus sur ce même bras, puis sur l’autre et dans le cou. Et tout ça, sans qu’elle ai sentie s’être fait piquer par quoi que ce soit.

Le soir venu, Julien « doute » et regarde de nouveau la literie. Et là, surprise ! Tapie au fond d’une crevasse du matelas, une belle punaise taille adulte… Effroi complet !

Nous capturons le spécimen dans une boite et filons la montrer aux gérants de l’auberge. Surprise aussi pour eux, ils venaient de racheter le fond de commerce ! Bref, ce fut le branle-bas de combat : changement de chambre (en laissant tout en plan pour éviter de les éparpiller), puis le lendemain lavage des vêtements et auscultation des sacs à dos.

Car ces petites bêtes sont très résistantes ! Le meilleur moyen de s’en débarrasser (notamment pour tuer les larves) est de porter les affaires à haute température (plus que 40°). La lessive à chaud peut suffire, mais comme au Chili on lave à froid, il a fallu tout mettre au sèche-linge !

Nous avons fini les deux dernières nuits vraiment pas rassurés et nous avions juste hâte de quitter l’endroit. Nos hôtes ont tout de fois assez bien réagi, puisqu’ils ont décidés de faire appel à un service d’enfumage dans la foulée.

Mais apparemment, les maisons à Valparaiso sont tellement vieilles qu’il y a souvent des termites, ou des punaises de lit dans les hôtels… C’est un vrai fléau ici !

Après toutes ces émotions, nous retournons en Argentine et plus spécifiquement à Mendoza !

One thought on “Valparaiso, la belle miséreuse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.