De la ville sacrée de Kandy aux plantations de thé de Ella
Kandy, la sacrée
On avait encore la tête sous les cocotiers quand le chauffeur du bus a allumé sa radio à Trincomalee. Deux grosses enceintes fatiguées se sont mis à cracher une musique rythmée (genre mélange de créole et de musique indienne). Avec 5h30 de bus devant nous, on a sorti les boules quies. Le chauffeur, Hindu, a pris soin de bénir son bus en dessinant des svastikas (« croix gammées ») sur le pare-brise. On a tendance à oublier l’origine de ce signe, qui est un signe bénéfique présent partout en Asie. Cela dit, le chauffeur avait une conduite tellement abusée que cette bénédiction n’était pas de trop… Le voyage fut long et mouvementé.
Arrivés à Kandy, on est parmi les premiers à descendre (bien avant la « bus station »), car c’est plus proche de notre auberge. La première impression est assez désastreuse… Dans le bordel d’une route en chantier, entourés de bâtiments qui ne sont pas finis d’être construits, il y a du bruit partout et Elise ne se sent pas en sécurité. Bref on a pas envie de rester. Julien guide la marche vers l’auberge, mais n’avait pas regardé les lignes de niveau… Ça monte !
Un type commence à nous suivre en baragouinant des trucs dans un anglais qu’on ne comprend pas. Elise fait celle qui n’écoute pas mais elle tend l’oreille. Est-ce qu’il propose un tuk-tuk ? Il nous demande où on va, Julien le subit gentiment et il reste là, à nous suivre. La monté se corse, et avec les gros sacs sur le dos, ça devient long. On le remercie plusieurs fois pour qu’il nous laisse tranquille. Il finit par lâcher, alors qu’on est presque arrivés…
Le soir même nous dinons à l’auberge un « rice and curry » avec deux espagnols qui font aussi un tour du monde. C’est super sympa de pouvoir partager nos ressentis, nos expériences, ça fait vraiment du bien. Ils ont loué un tuk-tuk pour tout leur séjour au Sri Lanka ! C’est excellent comme idée mais aussi hyper flippant vue la conduite des gens sur la route… et apparemment un tuk-tuk ne va pas plus vite que 40 km/h.
Le lendemain ils partent vers Ella tandis que nous restons encore une journée pour visiter Kandy. Après 20 minutes à essayer de démarrer le tuk-tuk, ils nous embarquent et nous déposent en ville, ce qui nous évite 40 minutes de marche. Et c’est rigolo.
Kandy est une assez grande ville, pas très propre, avec beaucoup de circulation. C’est pourtant la ville sacrée du bouddhisme classé au patrimoine mondiale de l’UNESCO depuis 1988. Nous sommes arrivés une semaine après les fêtes de Perahera.
Chaque été fin juillet-début août a lieu la fête de la Perahera où défilent des danseurs, musiciens et porteurs de torches autour d’éléphants qui sont habillés d’or pour l’occasion. La relique de la dent de Bouddha enfermée dans une boite et installée sur le plus âgé des éléphants du Perahera (« procession » en cingalais) est promenée dans les rues de la ville à cette occasion. Le spectacle rassemble un grand nombre de srilankais ainsi que de touristes. Ces processions durent 10 jours et progressent en beauté de jour en jour. Le soir de la pleine Lune, la fête atteint son apogée : jusqu’à cent éléphants défilent à la fois.
On se donc promène autour du lac artificiel (qui est juste à coté de la route, donc rien de romantique), et on visite le site du temple de la Dent du Bouddha, célèbre lieu de pèlerinage (entourés de fidèles habillés de blanc et priant autour de nous).
Puis nous faisons un repérage à la gare pour le train du lendemain vers Ella mais on nous annonce que tout est complet jusque Septembre… Il semble toutefois possible de trouver des billets « debout » (sans réservation), le jour même une heure avant le départ.
On finit notre tour de la ville par le marché local, et là ça nous parle un peu plus. Des stands partout e fruits et de légumes, des couleurs, de l’animation, l’effervescence, ça vit, on aime. On fini par rencontrer deux canadiens dans un magasin de sacs en cuir (et oui, Elise et les sacs… :) ) et on passe la fin de journée avec eux notamment dans l’unique pub anglais de Kandy : The Pub. Ce repère de voyageurs n’a rien d’extraordinaire, on ne s’entend pas parler à cause de la route en contrebas et les prix y sont très chers. Mais le moment est sympathique.
Ella (elle l’a…ouhouhouhouh ouhouhouh…)
Le lendemain nous nous levons à 5h30 pour être là à l’ouverture du guichet pour le train de 8h45. Un tuk-tuk vient nous chercher à l’auberge pour nous emmener à la gare mais essaie de gonfler le prix (350 au lieu des 250 annoncés)… Et oh, c’est pas parce qu’il est 6h30 que l’on a pas les idées clair Monsieur ! Elise n’en démord pas et on fini par obtenir gain de cause, mais il ne nous dira pas au revoir. Se battre pour 50 centimes d’euro peut paraitre dérisoire, mais pour nous c’est avant tout une question de principe, trop souvent on est pris pour des vaches à lait…
Nous sommes les premiers à la gare, mais le guichet n’est pas encore ouvert. Au bout de quelques minutes d’attente devant le guichet, le guichetier a du avoir pitié de nous car il nous vend des billets debout. Elise revérifie qu’il n’y a pas de place assise, fait ses yeux de chats pottés… Notre guichetier se retourne vers son collègue. Suspense… et la comme par magie il y a eu une annulation et on peut avoir deux places assises en 3eme classe ! on est super content ! ! Parce que 7h debout, ça n’aurait pas trop été…
A la montée dans le train, dans le dernier wagon du train, on constate que toutes les places ne sont pas prises. Mais le wagon qui est juste devant nous est juste plein à craquer, avec des gens debout, assis sur le pas des portes (qui restent grandes ouvertes)… Drôle d’histoire que ces billets, on n’est pas sur d’avoir tout compris, d’autant qu’arrivé à Nuwara Elya, le wagon se vide presque entièrement !
Bien que significativement plus lent que le bus, voyager en train est une expérience ludique et incontournable au Sri Lanka. Le réseau ferroviaire du Sri Lanka a été initialement construit par les Anglais en 1864. Le but principal étant de transporter le thé et le café provenant des régions montagneuses jusqu’au port de Colombo afin de l’expédier à travers le Monde.
30 minutes après avoir quitté Kandy les paysages sont superbes. Le paysage d’abord à droite du train dans le sens de la marche, puis à gauche sur la dernière section à l’approche d’Ella est incroyable. Nous montons progressivement vers les hauteurs (jusqu’à un sommet à 2024 mètres avant de descendre à nouveau vers Ella à 1041m), il fait plus frais dehors, les couleurs changent, la végétation aussi et puis on arrive aux plantations de thé, et là c’est à couper le souffle. Nous sommes en plus du bon coté du wagon, c’est parfait ! Elise qui n’était jusqu’à présent pas 100 % convaincue par le Sri Lanka est conquise et sous le charme. Nous passons devant Nuwara Eliya reconnu comme être l’endroit le plus frais du pays et l’emplacement le plus important pour des plantations de thé au Sri Lanka mais ne nous arrêtons pas. Au loin se dessine l’Adam’s Peak.
Nous arrivons à Ella vers 15h30. Nous avions réservé un hôtel via « Booking.com » mais ce n’était juste pas possible de rester la : pas de fenêtres, chambre humide, bruit de la route, le tout pour un prix plus cher que tout ce que nous avons eu jusque maintenant. Heureusement nous pouvions annuler jusque 18h… Elise est sans pitié, Julien hésite, mais se décide et on annule. On fait quelques pas et on demande à un barman s’il connait une bonne place pour rester, on annonce le prix maximum que l’on veut payer et on conclu un deal. Il nous propose l’auberge de son cousin (sous condition de secret quand au prix payé !), on acquiesce et on y va. On ne sera vraiment pas déçus !
N’ayant pas pu gravir le « Adam’s Peak » (voir plus bas), on se décide à la place de faire l’ascension du « Little Adam’s Peak ». Bon en fait il est vraiment « little little » ce little Adam’s peak, c’est plus une promenade du dimanche qu’une ascension mais ce fut une très belle journée, avec de très beaux paysages sur les alentours. Puis nous sommes allés voir passer le train sur le pont à neuf arches (datant de l’époque coloniale), et avons conclu cette journée avec un cours de cuisine Sri Lankaise, au top.
Le lendemain, direction le Ella Rock pour une randonnée (annoncée de 3 à 4h). Longue et fatigante ascension mais la vue était encore plus belle que la veille et nous avions même un panorama sur le Little Adam’s Peak. Pour y accéder depuis Ella il faut remonter la voie ferrée pendant quelques kilomètres. La voie n’est pas très large, juste ce qui faut pour se pousser lorsqu’un train passe… Et quand il arrive (annoncé par de puissants coups de klaxon), on fait pas les malins ! Sensation d’impuissance face à cette machine qui fait trembler le sol au passage (il ne roule pourtant qu’à 15km/h).
Une fois sorti de la voie ferrée, il faut grimper à travers champs et forêts en direction du sommet. Il n’est pas forcément facile de trouver le bon chemin, et il semble que parfois les locaux indiquent de mauvaises orientations pour venir ensuite faire le guide… Mais Julien suit les indications de son GPS (c’est quand même merveilleux tous ces contributeurs qui participent au projet OpenStreetMap) et c’est sans problèmes que nous avons atteint le sommet. Le retour fut juste un peu plus épique. Julien, pour « varier les plaisirs », décide de prendre un autre chemin : herbes hautes, passages au travers d’habitations… Des enfants nous interpellent et réclament des gâteaux ou des chewing-gums. N’en n’ayant pas, nous déclinons. Il nous demandent où on va et nous indiquent la route. Sauf que quelques centaines de mètres plus bas, on se rend bien compte qu’on a quitté le chemin qu’on suivait depuis le début. Retour sur nos pas, on retrouve nos gamins qui quémandent cette fois-ci à un groupe de 5 touristes français. On ré-embranche sur le bon chemin, amusés mais un peu vexés aussi.
Le pic d’Adam, le vrai !
Le Pic d’Adam (Adam’s Peak, en version « grande »), c’est le point culminant du Sri Lanka (2200 m d’altitude), et par ailleurs un lieu de pèlerinage pour quatre religions : les hindouistes, les catholiques, les bouddhistes et les musulmans. On avait très envie d’en faire l’ascension pour y assister au lever du soleil. Cela impliquait de partir à 2h du matin, de faire 3h d’ascension assez compliquée (dont 5000 marches) pour atteindre le sommet puis de redescendre pendant 3h encore. Mais nous ne sommes pas à la bonne saison (qui est de décembre à mai) et quelques articles de blog nous ont confirmé que c’était la garantie de trombes d’eau tout le long (voir d’orages), de chemin glissant, et d’une visibilité nulle au sommet (le tout dans le froid). On a donc abandonné l’idée, un peu déçus.
Pour l’histoire, il y a une empreinte de pied au sommet (non visible « hors saison) : pour les chrétiens et les musulmans, il s’agit de l’empreinte du pied d’Adam ; pour les hindouistes, l’empreinte appartient à Shiva ; pour les Bouddhistes, à Bouddha.
5 réflexions sur « De la ville sacrée de Kandy aux plantations de thé de Ella »
Merci, vous me faites replonger dans ces plantations de thé que j’avais tellement aimées 😍 Enjoy !
Merci Caro, on a pensé à toi en arrivant ici et les conseils que tu nous avez donné (merci encore) 🙂 et on pensera à vous en Indonésie sur le Mont Batur pour sur !!! 🙂
Trop beaux les amoureux ! Il semblerait que les paysages et la nature vous ont fait du bien. Profitez à fond !
Salut Thierry, merci !
On s’est rendu compte que c’est finalement ce qu’on préfère : la nature, de beaux paysages, et une pincée d’effort pour y parvenir 😉
Nous suivons votre périple grâce à ce site. MAGNIFIQUE ! Merci de le partager avec vos amis. De gros bisous à tous les 2